Guide de survie en milieu mondain
Parce
qu'il arrive parfois que l'on se retrouve coincé dans une soirée d'ouverture
d'un salon ou au coquetèle d'une avant-première très prisé,
il est important de connaître quelques conseils qui vous aideront à survivre
durant ces soirées où tout le monde (enfin, tous les autres) se connaît, où
l'on rit fort et où, quand on est comme moi, on s'emmerde un peu par manque
d'affiliation...
A) C'est votre premier coquetèle et vous ne connaissez que peu de gens.
Accrochez vous à une personne, deux, trois... N'importe qui, même votre pire
ennemi. Ce soir, vous êtes d'humeur à aimer tout le monde pour ne pas flotter
entre deux groupes. A force d'être collant (poursuivez vos ennemis jusqu'aux
toilettes, s'il le faut), vos camarades seront obligés de vous présenter à
d'autres personnes, ne serait-ce que pour se débarrasser de vous. Ainsi, vous
êtes un peu une balle de passe à dix. La patate chaude que tout le monde se
refile mais qui au final, discute avec tout le monde. Une attitude sociable qui
vous permettra de briller à la soirée suivante (Ptain, comment y connait tout
le monde, lui).
B) Evitez de rire trop fort aux blagues de vos amis, bonnes ou nulles, un
sourire suffit, un air un peu gêné et indulgent qui envoie un signal fort du
type "Vous êtes un gros con mais vous me plaisez bien. Allez, une autre
pour la route".
C) Quoique l'on vous demande, vous adorez tout. Le film était génial, la pièce
magnifique, les tableaux vous laissent sans voix car ils ont un
je-ne-sais-quoi-bien-senti-dans-le-réel, le happening très ... (rajouter le nom
de l'artiste). Par contre, il fait froid/chaud/trop tiède (n'importe quoi pour
emmerder un peu l'organisateur qui peut ensuite se plaindre à qui de droit).
D) Le buffet n'est pas dégueu mais si vous restez accroché à la table, vous
allez vous faire rapidement des ennemis à force de boucher le passage et de ne
pas en laisser aux autres. Et vous aurez peu de chance de communiquer. Sans
compter le regard des serveurs qui ont bien compris qu'au troisième verre cul
sec de champagne, vous étiez un saoulard né. Si vous avez vraiment faim, mettez
en dans vos poches et sortez les de temps en temps comme un mouchoir qu'on
mettrait en bouche. ça a l'air dégueulasse dit comme ça. Mais en vrai, ça
l'est.
E) Il est arrivé cet instant terrible où vous n'avez pu rien à dire à personne
et où personne ne veut plus vous parler. Un dernier verre vous permettrait de
reprendre du poil de la bête, jouerait un rien d'interlude le temps que les
groupes se réorganisent et vous laissent à nouveau une place de choix.
Malheureusement, personne ne veut plus de vous. vous avez l'air savamment
bourré, votre démarche ne vous demande plus votre avis, bref, il serait bien
l'heure de partir. Oui mais... Vous êtes d'humeur batailleuse, et çui qui croit
qu'y va vous fout'à la port'eh ben il est pas levé ou alors j'y mets un bon
coup de pied au cul t'as qu'à voir...
Voici une belle astuce pour garder un peu de prestance et faire passer
ludiquement le temps. Imaginez dans votre tête et dans l'espace, un carré...
Vous allez suivre pas à pas le trajet de ce carré qui devrait normalement vous
emmener à quatre endroits différents (une aventure à chaque fois). Bien
entendu, vous passerez alors devant plusieurs groupes qui vous accueilleront
certainement. Ou mieux, vous retrouverez certaines âmes libres qui comme vous
cherchent à communier dans le but inavoué de reformer un groupe. Vous voilà
donc reparti en tant que capitaine de groupe. Et avec vous, ça va
chauffer !
F) Il arrive parfois que vous soyez victime d'un vent violent. Votre serviteur
en a eu un fabuleux dernièrement.
Salut Géraldine, ça va ?
Oui, super bien. Tiens ça tombe bien que tu sois là...
Géraldiiiiiinnneeee, ma chéééérrriiiiieeee !!!!!!
Ah, salut ma belle, tiens, ça tombe bien que tu sois là parce que....
Pas eu le temps de discuter, la Géraldine en question m'a envoyé un vent de
force 5 (du genre qui enrhumme) en m'excluant totalement de la discussion,
ayant certainement honte de ma présence, comme si mon visage ressemblait à une
pizza au pus.
Que faire.
1) Si vous êtes trop bourré, vous pouvez hurler plein de grossieretés, et
commencer un vrai show (de toute façon, tout le monde vous regarde). Casser des
objets, faire sur la moquette rouge industrielle, dire que tout le monde c'est
des cons. Bilan, ça fait du bien. Malheureusement, votre carrière est finie
(-de toute façon, vous êtes trop bourré pour aller bosser-), votre femme vous
quitte et vous risquez d'avoir un solide mal de crâne au réveil.
2) Si vous êtes bourré un peu mais que vous tenez la route, vous souriez en
pensant aux milles et une vengeances que vous pourrez faire pour qu'elle paye,
c'te s'lope. Ne plus jamais la rappeler, refuser son contact même par
téléphone, tant qu'elle n'aura pas écrit une lettre d'excuse de la main
gauche (elle est droitière) déclarant que plus jamais, elle ne fera ça, que
c'était pas bien et qu'elle en a du chagrin. Bien entendu, vous solliciterez
l'aide de son patron pour empêcher qu'elle soit nourrie tant que la lettre ne
sera pas écrite. ah ah ah, l'idée vous fait rire bêtement. Vous êtes vengé.
3) Vous n'êtes pas bourré du tout. Ce vent vous rappelle les milles et une
rebuffades du temps du collège (parce qu'au lycée, grâce à une spectaculaire
transformation, vous étiez une bête sauvage et que tout le monde vous adulait)
et vous vous souvenez avec émotion de tous ces hommes qui comme vous, cachaient
discrètement leur honte de s'être pris un vent. Ils marchaient seuls dans les
cours en suivant un schéma de parallellépipède rectangle. Aujourd'hui, rien ne
semble avoir changé. Vous en repérez un, deux, trois... Tous vous regardent
(vous êtes le premier à les remarquer). Ils accompagnent quelqu'un, ils
sont là par hasard, ils aimeraient être ailleurs. Vous trouvez un sujet de
discussion, et à vous quatre, vous êtes insubmersibles. La Géraldine peut
revenir, vous allez la venter comme jamais.
G) Il est tard, prenez n'importe quel transport accompagné pour bien faire
comprendre aux gens qui n'y étaient pas que "vous y étiez,
vous" et que c'était "étonnament bien" même si
l'accueil était "à chier" et que les gens "un peu puants
mais bon"... Normalement, tout le monde s'en fout mais ça vous donne l'air
important le temps de rentrer. Nota bene : le dernier sorti est un con (surtout
pour la fin de trajet seul). Pensez donc à prendre quelqu'un qui va plus loin
que vous.
Voilà, vous êtes Cendrillon sur la descente. Bientôt changé en rat, vous
essayez de faire durer le miracle... Demain, tout le monde aura oublié cette
soirée. Sauf Géraldine qui a appris tout le mal que vous pensez d'elle et qui
s'en cogne assez, au pire, ça l'amuse.
Il ne vous reste plus qu'à attendre la prochaine pour tout recommencer...