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crevette domestique
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22 juillet 2009

Le Seigneurs des Annecy

A chaque année, ma petite malédiction.

L'année dernière, tous les allemands me saluaient sans que je comprenne pourquoi. J'ai découvert par la suite que j'existais aussi sous le nom de Konstanz Gertrud, agent de la ZDF, dans le catalogue du Mifa.

L'année d'avant, j'ai perdu ma chambre en pleine nuit et réveillé tout un hôtel.

L'année d'encore avant, le train a eu un petit incendie qui nous a bloqué quelques heures.

Mais cette année, tout ira bien. Personne ne se moquera de moi.

Pas de poisse. Pas d'accident, pas de chambre qui disparaît, pas de fausse identité.

Rien.

Et c'est normal, j'ai tout prévu.

D'abord l'itinéraire. Je le visionne une dernière fois afin de bien l'avoir en tête. D'abord un petit Gambetta-République suivi d'un République-Austerlitz et le tour est joué. J'en rigole tellement c'est simple.

Mon réveil est mis une bonne heure et demi à l'avance afin d'avoir le temps de choisir mes vêtements de rechange tout en ayant l'oeil sur un téléachat tranquille pépère. Bref, je suis paré pour mon expédition, je peux affronter les éléments, rien ne m'arrêtera.

J'arrive à Gambetta, j'ai un bon trois quart d'heure d'avance sur l'horaire. Le train arrive.  Je suis heureux. Je plonge mon nez dans mon bouquin en attendant d'arriver à République.

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- Votre attention s'il vous plait. Ce train ne marquera pas l'arrêt à la station République pour cause de travaux...

Merde merde merde. C'était écrit en gros sur l'affichage. J'aurais dû le savoir, j'aurais du m'en rendre compte plutôt que de me laisser bêtement distraire par mon roman.

Pas grave, je sors de la station, réfléchis au plan B. Continuer à pied, retomber sur la correspondance, frauder parce que bon, arriver à la gare et à moi Annecy.

Aucun problème, de toute façon j'ai de l'avance.

Je trace avec mes bagages, je fais ce que je peux pour ne pas perdre trop de temps.

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Le type là, je le connais. Il va me croiser, je ne sais pas s'il se souvient. Il me sourit. Il se souvient.

- T'étais...

- Ouais. Et toi aussi...

- Alors qu'est ce que tu .... ?

- Ben rien. Et toi ?

- Pareil. Et tu...

- Non, non... je m'en vais d'ailleurs, je suis désolé...

- Ah, alors...

- Ouais... En tout cas, ça fait plaisir.

- Ouais, enfin...

- A la prochaine...

Déjà à la fac, on n'avait rien à se dire alors autant ne pas perdre nos vieilles habitudes.

En attendant, j'ai dix minutes dans la vue. En rajoutant les dix autres de marche à pied, je vais finir par être en retard sur mon horaire.

Enfin, la station est là, devant moi. Dans quatre minutes, le prochain métro. Je monte, plus que quelques stations.

J'arrive à Austerlitz, tout va bien. J'ai un petit quart d'heure pour choisir mes journaux. Je prends mon temps, j'en profite.

Enfin, j'ai fait mon choix.

Dans dix minutes, mon train part.

A 10h50 exactement.

Un coup d'oeil au tableau des départs.

Prochain train, départ 10h52.

Bizarre.

Normalement, les horaires sont précis. Pas de 10h50 voire 52.

Et puis ce train va à Orléans, Tours... mais pas Annecy

Je sors mon billet.

Sur ma tête, deux oreilles d'âne.

Personne ne les voit. Mais moi, je sais.

Malgré mon avance, j'ai tout perdu.

Ne reste plus qu'à échanger mon billet et à prévenir les collègues.

L'année prochaine, ils n'auront pas de raison de se moquer de moi.

En attendant...

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- Tu remarqueras, je ne dis rien...

- Ah. Alors t'es au courant...

- Ben, j'ai croisé tes collègues et...

- Alors, on a loupé son train ?

- C'est la première fois que tu viens à Annecy ?

- Faudra que tu m'expliques comment tu fais pour confondre les gares.

- ...elles en parlent à tout le monde.

En attendant, j'en ai pour l'année.  Et l'année prochaine, ce sera quoi la malédiction ?

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F
.....
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