Les nerfs lâchent

15 novembre 2010

Putain de putain de putain de putain de putain, je vois rien, ce camion me fonce dessus , mon pare brise est embué, ma batterie est presque à plat. J'ai l'impression de ne plus avoir de phares. Je suis en pleine campagne, le nez collé à l'avant, je repère les bandes blanches.

Une chance si j'arrive à bon port, vivant.

Et la radio qui s'éteint. C'est pas que j'aimais ça mais au moins, y avait une ambiance. Et même s'ils n'ont que le mot "remaniement" à la bouche. ça va les journalistes, elle est bonne la croquette ? Vous allez la mâcher longtemps ? Je déteste France Inter, cet air de prof qu'ils se donnent à chaque nouvel évènement. Faut faire durer, faut que ça fasse la semaine. Parlons remaniement, refaisons l'historique, et les autres pays, est-ce qu'ils remanient ? Et qu'en pense la presse étrangère ? Et au niveau de l'histoire. Et si on prend l'étymologie. Et surtout ne pas faire rire, non, c'est grave comme un lundi, on est en classe, on rigole pas pendant les cours.

Finalement, je suis bien content qu'elle se soit éteinte, ça m'évitera d'écouter Fun.

Je suis arrivé. Merci la vie. Un jour de plus sans accident. Ce n'était pas gagné. Je suis un poil trop loin. Je tente de reculer mais non, la batterie est morte, je ne peux plus bouger.

Conne de voiture. Tu es moche, tu ne marches plus, tu ne sers à rien. Donnez-moi un fusil que je l'achève.

J'ai mal dormi. Je sais pas si ça se sent mais j'ai mal dormi. Ma fille prend mon bras pour son doudou. Impossible de le récupérer, il est à elle. Et quand elle ne dort pas, car elle ne dort pas, elle l'écrase, elle lui saute dessus, elle lui mord les doigts. Charmant enfant. A trois heures du mat, si je n'hurle pas, c'est pour laisser dormir les autres.

Je suis un vrai con de bon samaritain, voilà ce que je suis. Si j'étais un homme, je l'enverrai vite fait dans son lit et que ça saute. Au lieu de ça, je suis faible, je lui fait les gros yeux. Et dans le noir, elle ne voit rien et continue.

Je monte dans mon train, près à regarder un vieux Fantomas. Les films muets ont été créé pour les voyages en train. Pas besoin d'écouteurs. Suffit de regarder l'image, de lire les panneaux, de voir les comédiens surjouer la scène. C'est beau, c'est vintage quoiqu'un peu chiant.

- Y a quelqu'un là ? C'est réservé ?

Bonjour. T'es qui ? Je ne sais pas. Pourquoi tu m'agresses ?

- Je... pour l'instant, y a personne...

Non mais envoie le chier franchement. Regarde-le avec sa tête à la Laurent Cabrol. Je déteste ce type. Genre, il fait la météo et un pot au feu tip-top dont vous me direz des nouvelles payable en trois fois sans frais grâce à cette casserole anti détachant. Merde, dire qu'il fait beau sur la moitié nord du Cotentin, ça ne suffit pas ?!

- Excusez moi mais vous êtes assis à ma place.

- Mais on m'a dit que ce n'était pas réservé.

- ON a dit qu'ON ne savait pas car ON n'avait vu personne pour l'instant.

C'est la première fois qu'il prend le train lui ou quoi ?!

- Mesdames messieurs, vous avez pris place à bord du TGV 89...

- Un TGV ?! Mais j'ai pas pris un billet de TGV ?!

Mais pourquoi il m'agresse moi aujourd'hui maintenant ?!

- Vous prenez bien le 8h16 ?

- Oui mais...

- Vous allez à Montparnasse ?

- Oui mais...

- Oui mais rien, c'est le bon, c'est tout. Voilà, on se calme.

Je lui ai fait les gros yeux et ça a marché.

C'est mon super pouvoir à moi, les gros yeux.

C'est con, ça permet pas de voler, on a l'air bête en collant, mais si un jour je veux faire le justicier, attention les gros yeux.

Le train repart, je regarde mon film. Et pendant que Juve est pris à tort pour Fantomas, je me dis que la journée va être longue si je garde cette humeur de chien.