Tranche de pluie

10 mars 2011

- On voit même plus la tour !

Effectivement, Montparnasse a disparu sous des trombes d'eau. Tout est tombé très vite.

Il faisait presque beau. Puis ciel gris, nuages noirs et déluge.

- Eh regarde...

Un jogger continue sa course comme si de rien n'était. On en rigole gentiment, se disant que personne ne l'a encore prévenu, que plus rien ne peut l'arrêter, que même en dormant il continuera à courir. Un Terminator en basket qui ne craint pas la rouille.

D'autres défilent sur les Champs Elysées.

Nous sommes le quatorze juillet.

Fête nationale de la grenouille.

- ça me rappelle un autre jour où il pleuvait très fort. Avec ta mère, on n'en pouvait plus d'attendre . A la sortie du métro, on s'est mis à courir. L'averse a continué de plus en plus fort. On s'est réfugié au supermarché. Les gens nous regardaient comme des extraterrestres. Nos chaussures couinaient. Nos cheveux dégoulinaient. On ne voyait plus rien. On reniflait. On rigolait. On a mis de l'eau dans tout le magasin, le temps de faire nos courses, de payer et de repartir. Trempés comme on était, on n'avait pas de raison d'attendre la fin du déluge.

L'anecdote l'amuse, le divertit, le temps que se calme la pluie. Un rayon de soleil pointe même à l'horizon, signe qu'on peut y retourner.

Place Denfert, le ciel redevient menaçant.

- Euh... Je crois que ça va un petit peu tomber.

- Pas grave. On va aller se protéger au café.

Il est juste en face de nous. Suffit de traverser. Dés que le feu sera de la bonne couleur.

Les gouttes tombent. L'averse reprend.

- Au rouge, on court.

Mais non.

Impossible.

Un char vient de faire son apparition.

Un char qui se fout des feux de circulation.

Un char accompagné d'autres chars, eux-mêmes poursuivis par des camions verts remplis de militaires.