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crevette domestique
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21 avril 2007

La vie des Hauts Games

Retour au bureau après le déjeuner. Je fais le code d'entrée, débloque la porte et me retrouve en face d'une collègue en pleine panique. Depuis cinq minutes, elle essaie d'ouvrir sans succès. Elle a cru que jamais plus, elle ne sortirait de cet open space.

- J'ai tout tenté, me dit elle d'un air effondré, je n'ai pas réussi à trouver la solution...

- Et le bouton "porte" ?

- ...

- Regarde à gauche, juste à côté du bouton de la lumière...

Outre le fait qu'il faut être relatiment stupide pour s'exciter sur une porte sans chercher le moindre bouton, cet exemple réel montre bien qu'il y a désormais dans ce monde deux catégories de gens : Ceux qui ne jouent pas aux jeux vidéos et les autres.

Quel rapport entre cette situation ridicule et ces univers virtuels qui donnent envie aux jeunes d'aujourd'hui de descendre dans la rue pour tout casser ? Laissez moi vous l'expliquer.

Tout d'abord, rangeons les armes et les préjugés au vestiaire. Les jeux vidéos, ce n'est pas uniquement envahir l'Irak en bande par douze ou fusiller un conducteur qui refuse de vous céder son véhicule. Ce n'est pas non plus qu'une question de coups de poings dans la tronche  et de combos blaster qui envoie votre adversaire s'écraser comme une merde sur la première montagne venue.

Non, ce n'est pas que ça les jeux vidéos, madame.

C'est aussi un élevage de famille, une succession de lieu à visiter, des histoires sur soixante heures, des courses de chars antiques, des ponts à reconstruire, des gestions de parcs à thème  et des cours de guitare sans corde. C'est aussi, dans la majorité des cas, des énigmes. Et qui dit énigme, dit résolution.

Observons donc l'expérience qui suit.

A) Le non-joueur : il se retrouve dans une situation problématique par exemple, une porte qui refuse de s'ouvrir, il essaie plusieurs fois le même mouvement, d'abord poliment de peur du quand dira t'on puis avec plus de vigueur, y rajoutant de la force et de la conviction. Il perd peu à peu patience, il repense à ce vieux film où un homme est coincé durant un week end dans l'ascenceur d'une tour, condamné à écouter de la trompette. Il refuse de subir le même sort d'autant que le jazz l'insupporte. Il est maintenant déchainé,  il fait comme dans les Starsky et Hutch, il prend de l'élan pour enfoncer  la porte qui pourtant ne cède pas d'un pouce. Il panique, lance le distributeur d'eau qui ne fait rien qu'à l'humilier en le trempant jusqu'aux os. Après y avoir laissé ses ongles, il décide de choisir une solution plus radicale. Il ouvre la fenêtre et réussit enfin à rejoindre l'extérieur avec, toutefois, de multiples contusions,  à cause  de la position de son bureau, situé au quatrième étage.

GAME OVER. SAME PLAYER, SHOOT AGAIN ?
Yes No


B) le joueur : Il avance vers la porte, elle refuse de s'ouvrir. Problème. Réflexion. Recherche d'items dans son inventaire : un lecteur Mp3, un casque de musique, quelques tickets de métro, une carte bancaire. Patiemment, il tente la manoeuvre avec chaque élément en se disant "cet objet ne peut pas vous servir ici".

Il s'arrête une seconde, le temps de réfléchir. Si quelqu'un a mis cette porte ici, c'est bien pour qu'elle s'ouvre. Mais comment s'ouvre t'elle ? Il refait le chemin inverse jusqu'à son bureau, à la recherche de la moindre anomalie dans son décor quotidien. Une gravure qui n'a rien à faire là, un endroit discrètement surélevé par rapport au reste du sol. Par prévention, il attrape un carton qui lui servira peut être à écraser un bouton secret lequel déverrouillera certainement la porte.

Enfin, il aperçoit les boutons sur le mur. Il pose son carton, appuie sur le premier. La lumière s'éteint. "hin hin" pense t'il en hochant la tête. Il rappuie dessus, la lumière revient. Réflexion, déduction. "Si ce bouton sert à la lumière, qu'en est il du second ?" Il appuie, un bruit lui fait comprendre qu'il est temporairement libéré. Il se dépêche de sortir. Il a gagné ! Il sautille de joie et exécute une danse incroyable sur un rythme de musique victorieuse qui ne se joue que dans sa tête.

Après avoir compris le fonctionnement de l'ascenceur, il rejoint l'extérieur avec un grand sourire et un nouveau niveau d'expérience (Ouverture Porte+2). Bref, il est heureux.

Pour autant, les jeux peuvent donner lieux à quelques petits effets pervers. Qui n'a jamais poussé une statue de toute ses forces pour voir si elle ne cachait pas quelques passages secrets ? Qui n'a jamais empilé les cartons de meubles à monter dans un Ikéa afin atteindre le niveau supérieur des étagères quand bien même il n' y a rien à voir là haut ? Qui n'a jamais joué avec son chewin gum à peine recraché avec l'espoir d'en faire une boule si grosse qu'elle bloquera toutes les rues jusqu'aux Champs Elysées ? Enfin, qui n'a jamais invoqué des divinités dans l'espoir secret qu'elles fassent fuir la bande de cailleras qui en veux à votre blouson ?

Dans ce cas, même si vous mourrez sous les coups de latte, il est toujours intéressant de se poser la bonne question :

VOULEZ VOUS RECOMMENCER ?

Oui Non 




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Commentaires
R
De rien.
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B
Merci.
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