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crevette domestique
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31 octobre 2007

Rediff' Blog : Savoir reconnaitre un parisien

Savoir reconnaître un parisien...

- Quoi, t'es parisien ?? Mais ça se voit pas du tout !

Et non, ça ne se voit pas. Et pour cause, je fais tout pour le cacher, je multiplie les efforts pour me fondre dans la masse, je dépense une énergie folle pour ne pas ressembler à un capitalien. En clair, j'y met beaucoup de mien pour ressembler à rien. Et c'est bien ce qui me sauve.

Mais au fond, posons nous la question, qu'est ce qu'un parisien ? En quoi le reconnaît t'on ? Que mange t'il, est il propre, comment marche sa reproduction, puis je en avoir un pour Noël, est ce vrai qu'il faut le vermifuger avant de jouer avec ? Toutes ces questions, amis de province et de Suède, vous vous les êtes forcément posées un jour.

Aujourd"hui, l'équipe d'Essuyezvouslespieds s'apprête à vous répondre. Pendant des mois, nous les avons étudié. Nous avons tout noté. Nous sommes maintenant des experts es Homos Capitalus.

Alors ouvrez vos cahiers à la page sciences naturelles  et notez bien ceci : Il n'y a pas un  mais des parisiens. Comprenez que vivent au même endroit, plusieurs espèces bien distinctes qu'il ne faudrait en aucun cas mélanger. Avant d'adopter un parisien, mieux vaut connaître son pedigree. Il serait en effet dommage que vous l'abonniez à Télérama pour qu'il se sente moins seul alors qu'il ne fonctionne qu'au Parisien (NdT Aujourd'hui en France). De même, ne vous inquiétez pas s'il dépérit à vue d'oeil en regardant Cauet, pourtant fort festif quand il s'en donne la peine. Peut être  que l'émission le rend nostalgique des folles soirées Myspace organisées par ses amis chics et précaires. Ou plus simplement, que vous êtes tombés sur le modèle "Gainsbourg est mort et je veux faire comme lui", modèle fort courant dans nos grises contrées sur lequel il n'y a rien à faire d'autre qu'à écouter/lire/voir leurs nombreux cacas nerveux artistiques.      

Savoir reconnaître un parisien est aussi un bon moyen de pouvoir s'infiltrer auprès d'eux sans se faire repèrer. Et c'est y pas classe de plus passer pour un provincial quand on monte à la ville ? Oui, boudiou.

 

Les "Très surfait"

 

En échange d'un bel appartement dans les quartiers étudiants de la Capitale, le Très Surfait a subi une ablation des émotions. Désormais, plus rien ne l'étonne, ne le surprend, ne le touche. Sa vue imprenable sur la Seine : très surfait. Le dernier vernissage à Beaubourg en présence du Ministre de la Culture : très surfait. L'usine AZF, l'ouragan Katherina, le 21 Avril : de l'excitation vulgaire pour effrayer les masses.

Le Très Surfait ne sais pas ce qu'il fait à Paris, cette ville légèrement crottique, pressée et bruyante, alors qu'il y a des centres culturels bien plus animés en France comme Lille, Bordeaux, Tours ou Avignon. Mais en même temps, qu'irait-il foutre dans ces contrées désertiques alors qu'il n'a jamais réussi à dépasser les frontières de  son Ve arrondissement (très surfait, par ailleurs).

Le Très Surfait lit Beaux-Arts Magazine qu'il trouve assez mal écrit, voit la dernière pièce d'Adjani en s'emportant sur ce texte qui gâche le talent d'une si grande actrice, lit le dernier Eric Emmanuel Schmitt qu'il trouve amusant quoiqu'un peu putassier. Le Très Surfait aime aussi regarder les émissions du peuple comme le foot ou la Nouvelle Star Academy. Ce n'est pas tant la musique qui l'intéresse que de voir des vraies gens s'époumoner à chanter comme des casseroles sans tenir compte du ridicule inhérent à ce genre d'exercice. Ce n'est pas très beau à regarder mais c'est courageux de leur part. Rien que pour ça, il trouve ça formidable. Il n'en louperait d'ailleurs pas une seule saison. 

 


Le Très Surfait est facilement reconnaissable hors de son terrier. Il est celui qui ne vous remarque pas quand bien même vous êtes sous son nez. Manière de montrer que vous apparaîtrez le jour où vous mériterez d'être regardé.

Quand le Très Surfait sort en bande, il est toujours amusant de repérer qui déteste qui. Car entre Très Surfaits, il est difficile de reconnaître les talents des autres. D'ailleurs, ils n'en n'ont pas. Tout ce qu'ils ont fait, est sincèrement très surfait.

 

Les "Place to Be" (Ndt- Lieux à être-)

 

Ils travaillent dans la mode, la pub, la communication ou les médias. Ils sont jeunes, beaux et adorent former des communautés dans les derniers lieux fashion de la ville. Leur journée se décompose en un quart de pause café, un quart de travail, un quart de préparation de soirées et un dernier quart en soirée avec les gens appelés.

Les derniers gadgets high-tech n'ont plus de secret pour eux. Vous seriez jaloux de la sonnerie de leur 3G. Ils ont tous leur profil Myspace, Facebook et Second Life. Ils sont abonnés à toutes les newsletters du monde qui les traitent en privilégiés. Ils sont la cream de la hype. Le top du sommet du haut du panier.

Parfois, quand la nuit tombe, que la Wii est débranchée, et que la seule lumière qui éclaire encore leur loft est celle du modem qui termine de télécharger les nouveautés US, ils s'interrogent. Même s'ils ont tout, sont ils seulement heureux ? Avec ce genre de questions à la con, ils angoissent. Ils notent toute la nuit pour en reparler demain  à leur rendez vous de 15h . Ils vérifient sur Meetic s'il n'y a pas quelqu'un qui possèderait le même profil.

Parfois, ils aimeraient quitter la ville et ses ambiances de compétition, revenir aux plaisirs simples, faire de beaux enfants qui feraient la couv' de  Milk. En attendant, pour se redonner du beaume au coeur et un brin de nostalgie, ils enchaînent la sixième saison de Friends qu'ils ont téléchargés pour leur lecteur Blu-Ray.

 

Le "Gainsbourg est mort et je vais faire comme lui"

 

Sa journée commence par un grand bol d'infos suivi d'une cigarette et d'un café froid. Manière  de bien se rappeler que peu importe la saison, le monde va mal. Très mal. ça chie au Liban, ça s'égorge en Irak, ça se torture au quatre coins du monde et on voudrait que monsieur aille travailler comme un mouton, faire ses trente cinq heures sans avoir la moindre bribe de conscience ? Pas possible, désolé, pas pour lui.
 
Il préfère être comme le monde : torturé, décalé, décadant. Et tant pis s'il crèvera plus tôt que prévu. De toute façon, il n'y a rien à espérer de cette vie. Alors autant attendre la prochaine réincarnation pour espérer un peu d'espoir.
 
Il a pensé un temps à s'engager dans un mouvement avant de se rendre compte que le militantisme ne servait à rien sinon à faire des votes à mains levées. Il préfère rester chez lui, agir localement. Dire bonjour à la boulangère, c'est déjà un acte politique.
 
Pour ne pas donner l'impression de glander, il bidouille des petits trucs, des sons technos qui feront le bonheur des teufeurs. Parfois il se sent l'âme poète, il prend sa guitare et compose. Une chanson minimaliste dédiée aux deux amour de sa vie, son ficus agonisant sur son coin de balcon et Titanic, son poisson rouge dans son bocal sale.
 
Sans le savoir, il fait craquer les filles qui le voit comme un descendant de Baudelaire, de Biolay, de Raphaël. Lui trouve qu'il fait froid sur Paris, que les gens ont l'air tristes dans le bus et que pourtant, il y a quelque chose de touchant à regarder ce monde s'écrouler,  comme s'il était le seul témoin à se rendre compte que la ville vivait ses derniers moments.
 
Il quitte parfois Paris pour perdre son tein lunaire. Dormir en province chez des potes installés. Retrouver le bonheur d'un café chaud partagé entre amis. Il craque un temps sur le sourire des enfants.  Avant de se souvenir que c'est ce genre d'images qu'utilise TF1 pour endormir son public.
 
Il rentre sur Paris en pensant que le monde ira toujours mal. Raison de plus pour rester au même endroit et écrire des chansons en attendant la mort.

Les Pas Vraiment Méchants (Jamais Contents)

 

Chaque jour, il y a du monde dans les transports, il y a du monde sur les routes, il y a du monde au bureau, il y a du monde à la cafétéria, il y a du monde dans les cafés, il y a du monde aux toilettes, il y a du monde à la photocopieuse, il y a du monde sur le chemin du retour et il y aura du monde, ce soir, à regarder la même chaîne pour se détendre. Bref, quand ils ne travaillent pas, ils sont cre-vés.

Alors quand ils sortent le week-end, ils attendent un service parfait chez les commerçants. Pas de file d'attente au cinéma, un sourire de tous les vendeurs, pas un pet de travers quand on les sert. Sans cela, c'est la catastrophe, ils se mettent en mode Tornade, engueulent tout et n'importe qui, veulent voir la direction, demandent à être remboursés, hésitent à porter plainte, parlent d'alerter la presse, de faire valoir leurs droits de consommateurs. Ils se calment à peu près quand on les remboursent. Ils bougonnent encore pour la forme, tentent de rallier d'autres clients à leurs causes mais souvent en vain. Car les PVM n'aiment pas le scandale que font les autres. Ils ont travaillé toute la semaine, ils n'ont pas besoin d'entendre un type craquer simplement parce que son café est tiède.

Les PVM rêvent de vacances toute l'année avant de se rendre compte qu'ils les passeront avec les autres qui bloquent, en même temps qu'eux, les routes de France. Hors Paris, le PVM se méfie de tout. L'accent des autochtones lui parait gentiment kitsch, peut être un peu trop parfait pour être honnête. Il trouve le prix des cafés exhorbitants, estime qu'on se paye un peu trop sur son dos de touriste, voit fondre son argent sans avoir l'impression d'en profiter pleinement. Tout ça c'est la faute de ceux qui partent en même temps que lui pour aller aux mêmes endroits. Il reconnaît d'ailleurs Jean Claude, le syndicaliste de son service, en train de faire un scandale sur la plage sous prétexte que sa serviette est pleine de sable.

 

Les Oh Regarde Comme C'est Joli

Souvent, elles accompagnent les PVM et contrebalancent leur mauvaise humeur en trouvant tout merveilleux, authentique, si différent de ce que l'on imagine quand on est chez nous à la maison. Même près d'une centrale, elles respirent encore le frais de la campagne, ce bon air vivifiant qui redonne un peu de couleur à leurs joues de parisiennes.
 
Après quelques heures d'inertie sur la plage, elles se donnent pour mission de trouver LE souvenir qui trônera toute l'année dans le salon en représentant le mieux ce qu'ont été ces nouvelles vacances. En attendant, elles envoient des cartes postales à toutes leurs amies, pour bien montrer qu'ici, vraiment, comme c'est Joli.
 
Les ORCC sont constamment de bonne humeur et à deux doigts de la dépression. Toute l'année, elles servent d'éponge, encaissent les remarques désagréables, règlent les problème au quotidien, tentent de faire prendre du recul à ceux qui s'énervent pour un rien, trouvent toujours une issue positive à tous les problèmes. La vie est moche mais on y fait de belles rencontres. Les prix sont chers mais les produits sont de qualité. Les voisins nous surveillent mais qu'est ce qu'on ferait sans eux ?
 
On les retrouve souvent au service SAV des grandes boutiques, écoutant patiemment les PVM qui viennent se plaindre des ratés de leur dernier grille pain. Et c'est souvent ainsi que se font les plus belles rencontres.
 
Il reste encore plusieurs types de parisiens à identifier mais avec ces quelques repères, vous devriez d'abord faire un premier choix quant au genre de parisien que vous souhaitez adopter. Bien entendu, il existe aussi des mélanges qui permettent d'avoir quelques quarts d'un genre avec un quart d'un autre. A vous de voir les subtilités.
 
La chasse aux parisiens est ouverte. N'hésitez pas à nous raconter vos plus belles prises...

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Commentaires
R
Etant parisien (en tout cas né en proche banlieue et donc considéré comme tel), je suis toujours amusé de voir les gens étonnés... <br /> <br /> Parce que même si ce que tu dis est assez vrai, il existe aussi de nombreuses personnes "normales", en tout cas humaines, qui vivent à Paris, capable d'écouter, de prendre le temps, d'être chaleureux, liant, respectueux et tout ce qu'on veut...<br /> <br /> Comme ils font moins d'éclat que les autres, on les voit moins. <br /> <br /> Maintenant, il m'est arrivé de recevoir dans ma chambre d'hôte, un couple à qui on a demandé d'où ils venaient; <br /> <br /> Réponse "Ben, de Paris" dit sur un air désagréable et condescendant, comme si on s'adressait à des débiles mentaux. A noter aussi que le seul type qui a réussi à nager dans ma piscine (oui, j'ai une piscine) sans me dire bonjour, ni même me regarder, était parisien. Pour le coup, je ne méritais vraiment pas son attention, faisant parti du petit personnel qui l'acceuillait...<br /> <br /> Comme quoi, on n'est jamais très loin de la caricature...
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D
Selon moi, le vrai parisien, il râle, il n'est jamais content, quand il va au Québec il ne donne aucun pourboire "parce qu'en France c'est compris pi qu'au Québec ils ont qu'à faire pareil", il stress, il claxonne à tout va, c'est une grande gueule et il râle encore. :)<br /> <br /> Non, je n'ai aucun préjugé. :p<br /> <br /> Cette opinion très négative, c'est parce qu'ils ont ruiné mes vacances au ski avec leur mauvaise humeur. :(
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