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crevette domestique
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27 février 2008

Chronique d'une naissance retardée

Jour J

Salle d'attente. Nous sommes deux, ma femme et moi, à attendre. Celle qui devait arriver aujourd'hui se fait désirer. Alors pour patienter, nous attendons. Devant nous, des magazines sur Carla et son nouveau boyfriend, la douleur des proches de Carlos et d'Henri Salvador, les derniers défilés, les potins, les ragots, les recettes. On s'emmerde gentiment en regardant les sages femmes traverser le couloir dans un sens puis dans l'autre. Des chambres nous parviennent les pleurs de nouveaux nés.

Je sens comme une petite douleur musculaire. Un rien de fatigue ? Le stress ? Ou le rhume que mon fils m'aurait refilé ? Je ne dis rien, ce n'est pas le moment de se plaindre. A coté de moi, ma femme est resplendissante. J'ai plus mauvaise mine qu'elle, c'est dégueulasse.

L'infirmière l'invite à passer ses examens.

- Elle n'est pas prête à sortir vot' pitchoune, revenez dans deux jours, d'accord ?

Tant pis si tout était prévu. Qu'elle arrive plus tard, ça m'arrange. Je me sens lourd comme un bloc de ciment. J'ai un peu mal partout. Autant me reposer un peu avant la naissance. C'est toujours la première impression qui compte. Autant que ma fille ait une bonne image de son père.

Jour J + 1
Salle d'attente du docteur. Une bonne nuit de sommeil m'a rendu encore plus fiévreux. Je bave, je sue, je sens mauvais. Je tente vainement de lire un article sur comment perdre deux tours de taille avant l'été mais rien n'y fait. Je ne me sens pas bien. A coté de moi, une vieille dame parle varices avec la secrétaire. Le docteur est un type charismatique, gigantesque tellement grand que j'entends à peine sa voix quand il m'appelle. La vieille dame le regarde en rougissant. Mon sixième sens de fiévreux m'indique qu'elle vient icipour satisfaire un plaisir coupable, sentir les mains d'un homme sur son corps vieilli. Tant pis, si c'est les pieds, c'est toujours ça de pris. En attendant, c'est de moi qu'il s'occupe.

"Félicitations... c'est une grippe".

"Euh... ce serait possible d'en guérir vite ? Ma femme accouche demain, j'aimerais être avec elle. Si on pouvait faire quelque chose...".

Il hausse les épaule, signe mon ordonnance, me vire de son cabinet pour s'occuper de la prochaine cliente. 

Je reprend ma voiture, les Doliprane ne font plus d'effet. Je me sens encore plus mal qu'à l'aller. L'impression d'être dans un jeu vidéo.

Je monte sur le trottoir, j'écrase quelques passants, je m'arrête à une cabine. J'attends ma mission. Pas de sonneries. Je cours vers un tracteur. J'en expulse son propriétaire d'un coup de boule, je fais le tour de la ville avec. Je percute une Rover, je l'emprunte. Son conducteur tente de résister. Je le cogne. Je fonce sur la banque en rigolant. La Rover flambe. Je cours. Explosion. Boum.

"ça va mon cœur, tu récupères ?"

J'ouvre un œil.

"Je t'ai apporté un truc à grignoter"

Je ne me souviens plus de rien.

" Tu te sens un peu mieux quand même  ?"

"Hmmmmmm"

"Je te laisse. Tu reprends ton médicament, ok."

Je ne comprend pas cette situation. Dans la logique des choses, c'est elle qui devrait être à ma place. Pourtant, elle est resplendissante et je ne suis qu'une vieille moule. Pour me consoler, je reprends un petit peu de codéine en espérant que demain sera meilleur qu'aujourd'hui. Le médicament fait son effet rapidement. Je replonge une nouvelle fois dans un sommeil profond.

J+2

"C'est pas grave, tu sais. Après tout, j'ai pas vraiment besoin de toi".

Il faut se rendre à l'évidence. Je ne suis pas guéri.

"Un accouchement, je sais ce que c'est. Et puis, je ne serai pas seule, y a des sages femmes avec moi."

Je ne suis qu'une vieille larve dans un tee shirt sale.

"Je préfère que tu récupères. Que tu sois bien quand la petite sera là".

Je me sens nul. L'image du père idéal en a pris un coup.

"Allez, soigne toi... Je t'appelle quand c'est fait".

Je la regarde partir, des larmes dans les yeux. Dans quelques heures, je serais papa.  En attendant, je bois (mon sirop) pour oublier.

....

" ça va, tu récupères ?"

Mince, je rêve en boucle.

"Finalement, ce ne sera pas aujourd'hui. T'as encore deux jours pour te remettre".

Cette petite est parfaite. On se connait à peine qu'elle m'attend déjà. Si j'avais pas autant sué dans mes draps, j'en pleurerais d'émotion.

J+ 3

"Qu'est ce que tu dis ?!"

Y a pas à dire, je m'emmerde...

"2,05 gigowatts ?!!"

... je m'emmerde profond, même...

"Mais doc, vous avez dit qu'avec du plutonium, c'était possible"

Une fois par an, je râle de ne pas avoir la télé....

"C'est certainement possible en 1985 mais pas à cette époque"

Et cette année, c'est aujourd'hui...

"La seule chose qui pourrait produire une telle densité, c'est la foudre mais personne ne sait prédire où elle tombe"

Alors entre deux cures de sommeil, je regarde des vieux films en m'emmerdant...

"La foudre !!! Doc, c'est ça, elle va tomber sur l'horloge de la ville. Regardez"

... Et je m'emmerde TRES profond

"Nom de Zeus"

Mais je n'ai pas le choix. Même si je me sens mieux, il ne faut pas que je rechute.

"Marty, je vais te renvoyer vers le futur... en 1985".

Si seulement, le temps passait plus vite...

J+4

"T'es sûr que tu te sens bien"

"Oui, oui, je suis parfait"

Je n'aime pas mentir. Mais parfois, je n'ai pas le choix.

"Sinon tu te couches encore un peu, hein, ça peut attendre"

Non, pitié. Je veux sortir.

"ça va aller. ".

"Tu veux que je conduise ?"

"Euh... T'es enceinte, tu te rappelles ?"

Et puis c'est moi l'homme, c'est mon rôle de l'amener à la fin !

"Tu te sens de conduire, sûr ?"

"Plus que sûr"

Si elle pouvait faire semblant d'avoir des contractions, juste pour renforcer mon rôle de soutien.

"On y va alors ?".

"Même que ouais. Et cette fois-ci, c'est pour de vrai !".


La suite ?

Ce qui devait arriver, arriva... mais ça vous le saviez déjà...

(A suivre)

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Commentaires
R
C'est pas faux :)<br /> <br /> J'ai essayé de laisser un commentaire sur ton site mais visiblement, j'en suis banni puisqu'ils n'apparaissent plus jamais.<br /> <br /> On est bien peu de chose ma bonne dame... <br /> <br /> Bises
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L
un coup de vent et la terre s'arrete de tourner...pas facil d'être un homme :)
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R
Euh... ce genre de plan, à vingt ans, elle se transforme en Paris. Et comment dire, je suis pas trop pour... :)
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M
Oupsa, j'ai trouvé une solution, pas pour l'accouchement hein, ça les solutions sont toujours les mêmes, mais pour dormir la nuit, envoyer la nouvelle venue dans une robe de princesse (ça ne peut-être q'une princesse, non? )à un cocktail mondain où dès son plus jeune âge elle apprendra comment vivent les princesses (lui préciser tout de même que la princesse ne fait ni pipi ni caca, c'est une obligation et un soulagement pour la famille)et rencontrent des MBP (mon beau prince) avec l'oeil torve et le cheveu fou, monté si possible sur un mangnifique destrier blanc avec un peu de rose pour faire comme Barbie princesse! Si elle n'est pas d'accord et fait un rrreuuuuu nettement négatif, lui dire qu'elle a le choix entre ça et les discours de Mao Tse Tong dans, à moins d'avoir comme bébé-princesse une grande malade perverse, ce qui ne peut être le cas, elle ne s'appelle pas Nicolas (non hein) ou une sinisante convaincue, ça devrait aller. <br /> Mais je fais quoi, rien que des horreurs alors que cette petite plantouille s'ouvre au monde. Elle est merveilleuse votre épouse et vous, vous avez des hallucinations à la codeïne, normal, rien de neuf!
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