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crevette domestique
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25 juillet 2013

On l'appelle Sarah (Connor)

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Ce n'est pas que l'ambiance soit mauvaise, au contraire, mais il faut que je m'échappe.

Il est tard, j'ai bien discuté, j'ai vu every kinda people to make the world go round avec qui on peut boire jusqu'au bout de la nuit mais maintenant je sens la fatigue poindre, demain je travaille, il est l'heure d'aller me coucher et...

Mince.

Elle est sur mon chemin.

Il faut que je ruse.

Que je me fonde dans la foule, l'air de rien.

Faire semblant d'avoir une discussion intéressante avec quelqu'un de très petit et de très bavard.

Elle tourne la tête.

J'avance d'un mètre.

Elle retourne la tête.

Je fais semblant de discuter.

J'avance encore d'un mètre.

Je suis presque arrivé à la sortie. 

- Me dis pas que tu t'en vas !

Grillé.

Pendant un instant, je ne bouge plus, espérant me fondre entièrement dans la foule, n'être qu'un immense camouflage. 

Mais trop tard, elle me fixe du regard. 

- Non non, je discutais avec...

Je lui montre le vide. Elle n'est pas dupe.

- Il est parti mais c'était intéressant... Et ben dis donc, c'était une bonne soirée. Mais je croiiiis queeeee jeeee ... Je suis désolé, je baille pas souvent mais là, il est t...

- Tu vas pas me faire le coup.

- ...

- Pas toi.

- Non mais demain, je travail...

- Tu peux pas partir, il est à peine 2h00, la nuit est jeune, on a tous prévu d'aller au Garage après, on va danser, on va zouker, on va boire et faire la fête et tu peux pas te défiler, ce serait lâche, non ? 

- D'abord, je me défile pas, je pars juste me coucher.

- A sept heures du matin, je comprends. Après un bon petit dej', une dernière marche digestif, une bonne douche, oui. Là, ok, vingt minutes de sommeil, ça ne fait pas de mal. Mais là, franchement, t'as pas soixante ans. Reste. 

- Mais il faut que j'assure demain. 

- Tu crois que c'est pas pareil pour moi, peut-être ?!


Je n'ose pas répondre de peur de déclencher un truc. Je suis comme le démineur qui hésite entre le fil rouge ou bleu.

- Mais moi, je suis pas capable de tenir trois nuits sans dormir et de travailler le lendemain. Tu sais, j'ai l'air fort comme ça mais au fond de moi, je n'ai qu'un petit corps d'oiseau qui a besoin de ses quelques heures de sommeil réparatrices. Et alors, j'ai bonne mine, je rayonne pour une journée pleine de fraîcheur et de disponibilité.

J'attends un instant. Je crois que je l'ai désamorcée.

- Je sais ce qu'il te faut.

- Ah ?

- Viens...

- C'est pas un piège ?

- C'est pas un piège.

- Promis ?

- Tu veux pas m'énerver ?

Je la suis. Elle disparait et reviens avec une pinte.

C'est un piège.

Mais je n'ai plus le choix.

Quand j'aurais fini de la boire, un banc de danseurs se dirigera vers la discothèque situé à vingt mètre de là.


Impossible de sortir du courant. 

Je me laisserais emmener.

Impossible de s'asseoir dans un coin.

Il faut danser, bouger, continuer, être en rythme et, quand on n'en pourra plus, sortir au petit matin, faire une dernière promenade prendre une bonne douche et finalement s'écrouler.

Pour dormir mal.

Vingt minutes.

Le temps de se rendre compte que les oreillers sont trop mous.

De se reprendre car les rendez-vous vont s'enchainer.

De courir pour rejoindre l'équipe.

- T'as mauvaise mine....

Elle a du dormir dix minutes mais ça ne se voit pas. Elle a le visage reposée de celles qui dorment douze heures. Elle ne doit pas être complètement humaine. Ce ne peut-être qu'une machine. Ou alors elle a une jumelle.

C'est ça, une jumelle cachée.

Une version cyborg prête à aller travailler.

- Tu fais quelque chose ce soir ?

Oui. Je compte regarder Confessions Intimes. Mais je ne suis pas sûr de tenir jusqu'au bout.

- Y a une soirée au Chardon. Tu viens, bien sûr. 

Je pense même pousser le vice jusqu'à regarder Thalassa pour commencer, histoire d'être un peu foufou. 

- Me fais pas le coup de pas venir, hein ?

Je suis faible, je réponds oui.

- De toute façon, on se reposera quand on sera morts.

Elle rejoint son premier rendez-vous en souriant. 

Je retrouve les miens avec ma tête du mort-vivant en manque de sommeil. 

Je ne sais pas quand je me reposerais.

Mais à ce rythme, elle nous enterrera tous.

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